XU YI : LE PLEIN DU VIDE (1997)

INTRODUCTION :

XU YI 

Ø      Eléments biographiques

Ø     Esthétique

Ø     Principales oeuvres

 

 

Eléments biographiques

XU Yi est née en 1967 à Nankin en Chine où elle a commencé le violon chinois, erhu, à un très jeune âge. Elle rentre au Conservatoire de Shanghai où elle poursuit l'étude du violon, puis, à l'âge de dix-sept ans, elle intègre la classe de composition. À son arrivée en France en 1988, elle suit le Cursus de Composition et Informatique Musicale de l'IRCAM (1990/1991). Elle rentre au CNSM de Paris où elle étudie avec Gérard Grisey et Ivo Malec et obtient un Premier Prix de composition en 1994. Elle est pensionnaire à la villa Médicis à Rome (1996-1998). Actuellement, elle est professeur de composition au Conservatoire National de Région de Cergy-Pontoise et professeur invité au Conservatoire de Shanghai.

Ces dernières années, elle s'est intéressée à des formes nouvelles dont l'opéra parlé; Le roi des arbres a été créé au festival Musica en 1993.

XU Yi a remporté de nombreux prix, dont le Grand Prix du Disque Chinois en 1986 pour son trio Vallée vide. Elle a reçu des commandes de l'Etat français, de Radio France, de plusieurs festivals et ensembles et a composé une trentaine d'oeuvres qui ont été radiodiffusées et jouées dans divers festivals en Chine, au Japon, en Europe, aux Etats-Unis et au Canada.

 

 

Esthétique

Importance de la pensée chinoise

Les textes philosophiques taoïstes sont parmi ceux qui lui sont les plus chers, pour leur lyrisme et leur poésie suggestive plus que pour leur contenu doctrinaire ou mystique, Lao Tseu (VIème siècle avant J.C.) et Chang Tseu (IIIème siècle avant J.C.) notamment :

      « Les uns et les autres, pendant leur rêve ne savent pas qu’ils rêvent, et parfois rêvent qu’ils sont en train de rêver. Confucius et toi-même, vous n’êtes que des rêves. Je te dis que tu rêves, cela aussi est un rêve. » (Chang Tseu)

Le plein et le vide

Les notions de Vide et Plein  sont liées à celle de Yin et de Yang. Chez les Taoïstes, c’est le Vide qui permet d’atteindre la vraie plénitude. Partout, le Plein fait le visible  de la structure, mais le Vide en structure l’usage. Le Vide est donc à  l’origine de tout. D’autre part, dès qu’une chose se crée le Vide structure le Plein. En musique, c’est donc d’abord le silence à l’origine de la partition, les silences structurels à l’intérieur de la pièce, et la structure elle-même, l’ossature. Les éléments tels que les notes et les rythmes appartiennent au Plein.

Le Vide et le Plein s’opposent et se complètent comme le Yin et le Yang. Le Yang est une force active, le Yin est inertie.

      Le couple Yin /Yang rejoint ainsi les binômes Espace/Temps, Ciel/Terre.

Les instruments traditionnels chinois

Elle conserve par ailleurs de sa « vie antérieure » de sino-musicologue un goût pour les instruments folkloriques traditionnels : elle apprécie leurs instabilités ou la rudesse de leurs timbres. Grâce aux nouvelles technologies et techniques de jeu étendues des instruments européens, elle tente souvent de simuler ces sonorités anciennes et rares. Certaines pièces utilisent l’erhu, le qin (cithare), le zheng (équivalent du koto).

L’influence de l’I.R.C.A.M

Xu YI n’oppose pas de réticence de principe aux nouvelles technologies, comme en témoignent son séjour à l’IRCAM et ses nombreuses pièces avec dispositif électronique. Néanmoins, toutes les technologies ne sont pas égales à ses oreilles. Son goût pour un certain naturel l’entraîne à favoriser les sons réels plutôt que les sons imaginaires. Elle utilise souvent des ensembles instrumentaux amplifiés par des enregistrements complémentaires, montages, traitements et un travail sur la mise en espace : Xu Yi parle à ce sujet d’un « développement du naturel ». Elle obtient ainsi des sonorités orchestrales avec un nombre restreint d’instruments, tout comme elle favorise une perception des détails de couleurs sonores.

Une pensée spectrale

Elève et amie de Gérard Grisey, l’influence du courant spectral – mais mise au service d’une esthétique qui lui est propre – est réelle chez la compositrice ; on en trouvera des exemples dans la pièce étudiée plus loin.

Elaboration harmonique fine, rôle dynamique des timbres, utilisation des micro-intervalles – que l’on trouve aussi dans la musique chinoise, c’est à signaler -, constructions rythmiques à base de proportions et de symétries, telles sont d’une manière générale les signatures musicales de Xu YI. A l’évidence, elles structurent Le plein du vide.

«  (…) le plus important reste l’utilisation de l’espace sonore. Il faut écouter l’œuvre en concert. La trompette est cachée derrière du contreplaqué afin de lui donner un autre son plus lointain, plus mystérieux. En plus, il y a huit haut-parleurs qui sont répartis dans la salle. » (interview M. Mathey)

 

Principales œuvres

Les formes de la création de XU Yi sont diversifiées : Le Roi des arbres (opéra parlé, dramaturgie de François Cervantès) créé au festival Musica en 1993 ; Gu Yin (pour flûte et percussion) créé au festival Présences en 1996 ; Le plein du Vide (pour 14 instruments et dispositif électronique spatialisé en 8 pistes) créé au festival Musiques en scène en 1997 ; Yi (pour trio à cordes) créé au festival RomaEuropa en 1998 ; Crue d'automne (poème scénique, vidéo de Robert Cahen, texte de Jacques Guimet) créé au festival 38e Rugissants en 1999 ; Tempête sur l'Asie (pour film muet de Poudovkine) créé à l'Auditorium du Louvre en 2001 ; Dialogue d'Amour (pour soprano, choeur d'enfants et 13 instruments) créé à Radio France en 2002. Un disque monographique (MFA-Radio France) distribué par Harmonia Mundi a été édité en 1999.

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