RAPPORTS SON-IMAGE

2 Propositions de séquence pédagogique

Proposition 1 : Monsieur MICHON, IA-IPR

1ère séance : 2h

 

2ème séance : 1h

 

  1. Autour de " Qui me dira "

 

  1. Pratique rythmique : (15 mn)
  1. Pratique vocale : Qui me dira (Francis LAI) (20 mn)
  2. Langage musical : exploitation pédagogique de la chanson

(Analyse de la partition) (20 mn)

 

  1. Analyse filmique : " Itinéraire d’un enfant gâté " - Claude Lelouch – 1988

 

- Découverte de la 1ère séquence du film (8’45 environ)

- Dialogue avec les élèves autour des points généraux suivants :

- Autres séquences : variations thématiques

 

Analyse de la 1ère séquence dans son rapport Image / Son :

 

1er élément à noter : le Générique fait partie intégrante du film, il n’est par dissociable de la 1ère séquence comme l’ouverture d’un opéra est parfois directement enchaînée à la première scène.

 

La séquence est à découper en deux parties :

 

Ces deux parties sont " encadrées " par une intro et une conclusion qui concernent le personnage principal adulte et sa situation actuelle (au moment où commence le film : celui-ci est construit sur de très nombreux flash-back).

 

Chronologiquement :

 

Les images, quant à elles, situent l’action (Paris, Montmartre d’une part ; les images " sépia " situent par ailleurs une époque : les années 30 ?) et commencent à expliciter le contexte dans lequel va évoluer le personnage principal : son enfance, l’abandon par la mère : le carousel, l’armée du Salut sont des images très fortes. Le manège anticipe sur la suite de son enfance.

Outre le plan sur la mer et le bateau, un dialogue entre le forain et l’enfant (on apprend son prénom mais pas son nom, et pour cause : il ne sera jamais connu et en prendra un autre) explicite la situation.

A noter que le texte de la chanson anticipe sur la seconde partie de la séquence puisqu’il évoque de manière explicite le thème du cirque -> la musique annonce un élément important de l’action.

 

Le caractère dramatique du thème musical – et de la partition dans l’ensemble de cette partie – semble en opposition avec la notion d’épanouissement évoquée précédemment : c’est en fait la chute et la rupture que cette chute introduit dans la vie du personnage qui est mise en situation -> la musique annonce encore une fois.

 

Le texte de cette voix chantée est encore en décalage : dérision ? ironie ? (un enfant gâté….) ou encore anticipation de la réussite.

Analyse de la partition :

4 éléments sonores:

  1. " Bruits " : la mer, l’orage = le présent, la situation du personnage principal – seul sur son bateau
  2. La chanson = la mère, l’abandon. A noter toutefois la référence au cirque dans le texte qui peut en faire, d’une manière générique, le thème de l’enfance de Sam.
  3. Le Thème du cirque
  4. Un thème secondaire qui est exploité comme conséquent du 1er (le thème de la chanson exploité instrumentalement)

 

L’opposition de caractère entre les deux thèmes principaux:

Thème 1 : Qui me dira

Thème 2 : Thème du cirque

Vocal (chanson)

Orchestral (" symphonique ")

Mélodie accompagnée

Thème très vertical – harmonique

Chromatisme omniprésent

Diatonisme

Prédominance mélodique

Thème rythmique (ostinato)

Carrure en périodes de 4 mesures – 4/4

5/4 ; mesures irrégulières

" instabilité " des rythmes : aspect mouvant

Stabilité

 

A noter, bien sûr, que ces deux éléments thématiques ont été pensés par F. LAI pour pouvoir être associés et superposés : cf. le même caractère dramatique, la tonalité mineure dans les deux cas et la même modulation à la 3ce mineure supérieure qui les caractérise

 

La combinaison des trois phrases musicales dans la seconde partie de la séquence :

  1. Exposition du second thème
  2. Reprise instrumentale du thème 1 (seul le couplet de la chanson est exploité) avec des modifications (" Sam, 13 ans ") d’ordre mélodique surtout :
  1. Thème 3, qui s’enchaine au précédent et se situe dans la même veine mélodique et dramatique
  2. " Sam, 16 ans) Thème 1 repris avec une basse I-V renforcée et martelée (cbasses – timbales) mais aussi avec intégration, sur les fins de phrases, de l’incipit du thème 2 (ostinato rythmique). Un début d’osmose entre les deux thèmes donc.
  3. Thème 3, toujours dans la continuité du 1er .
  4. " le trapéziste " : Reprise Thème 2 puis superposition des thème 2 et 1 juste après l’accident et au moment où réapparaît le gros plan de Sam adulte => cette superposition signifie ainsi clairement que les deux événements marquants de l’enfance (l’abandon maternel et la vocation d’artiste de cirque) ont forgé la personnalité de manière définitive ; c’est en quelque sorte le thème du destin.

 

Autres plans ou séquences à visionner :

 

 

Proposition 2 : Monsieur DESVIGNES, professeur, Lycée de Chinon

Origine : France, 1988.

Réalisateur : Claude Lelouch.

Musique : Francis Lai.

ANALYSE DU GENERIQUE.

Le générique fait partie intégrante du film ; il n’est pas dissociable de la première séquence, comme l’ouverture d’un opéra qui s’enchaîne parfois directement à la première scène.

Evènement

Style Musical

Caractère

Action

Lieu

Orchestration

Bruitages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les thèmes musicaux du film.

Thèmes principaux

 

 

Genre- Style

 

 

Traitement musical

 

 

Style d’écriture

 

 

Prédominance

 

 

Carrure rythmique

 

 

Echelle mélodique

 

 

ANALYSE DE LA CHANSON : " QUI ME DIRA ".

Parcours tonal.

A : Première partie : Couplet.

Cette chanson est écrite en sol mineur (2 bémols). L’harmonie de départ repose sur un accord parfait mineur de tonique (1er degré), noté sur la partition en chiffrage américain (Gm : voir le cours sur les accords et les chiffrages). L’ambitus de la mélodie est limité à une sixte mineure ( 3 tons et 2 demi-tons diatoniques), la caractéristique principale de celle-ci restant son écriture chromatique.

Le motif de départ est repris deux fois, avec cependant une terminaison différente :

Cette chanson fonctionne sur une carrure de 4 mesures, toujours régulière à l’exception de la fin de la première partie (5 mesures, dont la dernière ponctuée d’un point d’orgue).

B : Deuxième partie : Refrain.

Changement d’armure, donc de ton mais aussi de mode : La bémol majeur (4 bémols).

La mélodie est beaucoup plus aérée (ambitus plus grand : neuvième mineure), plus lyrique (cf. : mesure 20, intervalle mib grave- réb médium), plus diatonique, caractère plus radieux.

Tonalement, pas de modulation, contrairement à ce que nous avons rencontré au niveau du couplet.

Rythmiquement : plus de triolets ici. La carrure rythmique est toujours régulière, au sein d’une mesure à 4 temps très stable.

Enfin, il faut noter la relation très étroite liant le texte de la chanson avec l’intrigue du film.

 

 

Œuvre complémentaire:

Il était une fois dans l’Ouest – Sergio Leone – 1968

Symbiose totale, donc, entre climat de la séquence et bande son, entre l’écriture cinématographique et l’utilisation du son, comme en témoigne la " gestioné du générique, des titres en incrustation : ils sont proposés de manière très lente, avec une accélération notable en fin de séquence lorsque le train arrive, que la tension atteint son paroxysme et que l’action débute véritablement.

Autre élément de langage cinématographique utilisé par Leone pour renforcer le climat de tension : les visages en gros plans.

 

L’élément musical à proprement parler intervient en toute fin de séquence et consacre l’entrée en scène du personnage (de l’un des) principal du film : L’ " Homme à l’harmonica ". Le thème musical, fondé sur le ½ ton, est destiné à caractériser le personnage et accomagne toutes ses interventions (cf. plus loin). Il est composé de deux parties (la seconde étant moins importante concernant le " thème-personnage " mais constituant un des thèmes musicaux fondamentaux de l’œuvre).

" Leone aimait à dire que dans certains de ses films, la musique sert de dialogue et que c’est pour cela qu’il avait besoin d’en disposer à l’avance et de pouvoir la jouer sur le tournage (…) " Michel Chion page 355.

Le personnage auquel est associé le thème de 3 notes (L’homme à l’harmonica) est d’ailleurs quasi-muet tout au long du film. Ce thème est une plainte, liée à l’histoire du personnage (son enfance…)

 

C’est la rencontre entre trois des quatre personnages principaux (Seul Franck est absent) : le personnage féminin, " Cheyenne " et " L’homme à l’harmonica ".

Cette séquence permet d’illustrer le concept du " thème-personnage " qui a fait dire de ce film qu’il était conçu comme un opéra.

 

Travail avec les élèves :

 

La musique au cinéma – Michel CHION – Fayard " Les chemins de la musique " 1995

NB : un autre ouvrage de l’auteur, qui figure dans la bibliographie fournie par le Ministère relativement aux programmes de 2de : " Le son au cinéma ", Cahiers du cinéma, 1985

L’auteur distingue 3 " visages " de la musique au cinéma :

Il explique toutefois (page 188 que l’on ne peut réduire son rôle à des fonctions : il arrive qu’elle serve parfois " à rien ", qu’elle soit là simplement pour rassurer, comme présence avant d’être moyen. Il présente ainsi son analyse comme " anti-fonctionnaliste ".

 

  1. La musique comme élément et comme moyen:

 

 

Cet emploi de leitmotivs reste très fréquent dans la musique de film : indépendamment du fait qu’il puisse représenter un sen précis et fixé (un personnage, un sentiment, un lieu, un espace temporel…) le leitmotiv incarne, à travers les variations thématiques, le mouvement même de la répétition.

Un exemple de leitmotiv dont le rôle structurant est particulièrement fort : la musique de Max Steiner et le travail effectué sur le thème de la chanson " As time goes by " dans Casablanca (Michael Curtiz, avec Bogart et Ingrid Bergman) : la chanson se présente comme un vaste réseau d’échos, d’émois et de résonances (du passé… toute la trame romanesque est en effet dédiée au souvenir, aux échos émotionnels, au pressentiment et à l’indécision).

 

Redondance, soutien émotionnel d’une part (la musique adhère au sentiment dégagé par la scène et/ou par les personnages) ; dans bien des cas, cet effet de redondance fonctionne selon le principe de la valeur ajoutée (soutien émotionnel par ex.). Les images et la musique exacerbent ainsi réciproquement leur expression.

L’effet anempathique = la musique reste indifférente à l’action, en continuant son cours comme si de rien n’était. Ex. la scène de meurtre de l’Inconnu du Nord Express (1951) et son orgue de barbarie guilleret. Egalement : une valse qui accompagne les images d’horreur dans Hiroshima mon amour (Alain Resnais, 1959). Cette anempathie veut nous montrer l’indifférence du monde. Lire à ce sujet Chion page 230.

Autre exemple : le Concerto italien de Jean Sébastien Bach pendant qu’Hannibal Lecter – qui laisse défiler son appareil à cassette – assassine les deux policiers…

 

 

Pour résumer :

La fonction de la musique au cinéma

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