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Beethoven
« a trouve dans certaines formes existantes – la forme sonate, la
variation et même la fugue – des moyens parfaitement appropriés à
l’expression de son génie personnel. Mais (…) ce qui l’a intéressé dans
ces formes, c’est la possibilité de jouer avec leurs limites »[1].
Ce qui
frappe dans l’écriture du compositeur allemand est une personnalisation de
l’œuvre poussée à l’extrême ; la démarche compositionnelle démontre
de la même manière une volonté de rébellion contre le statu quo.
Cette expression très forte de la « présence » du compositeur
trouve tout naturellement son pendant dans l’organisation formelle des pièces ;
Beethoven, dans les œuvres de la dernière partie de sa vie plus particulièrement,
s’intéresse plus particulièrement à trois cadre formels qu’il s’attache
à renouveler en profondeur – de telle manière que son travail tend vers la
destruction - : forme sonate, variation et fugue.
Beethoven
ne renonce aucunement à l’usage de la forme sonate mais en transforme son
statut tant dans l’œuvre que dans son fonctionnement interne ; quelques
exemples :
-
Le mouvement sonate placé en
fin d’œuvre ; au minimum, l’ordre des mouvements est profondément
modifié (mouvement lent initial de la sonate pour piano opus 101 - 1816 -,
Quatuor à cordes opus 131)
-
Suppression
de la traditionnelle répétition de l’exposition (dès le quatuor opus 59 No
1 « Razumowski » qui date de 1806 ; autre exemple, unique dans
ce type d’œuvre, la 9ème Symphonie).
-
Profondes modifications de la
réexposition (9ème Symphonie ; )
Toute
l’œuvre du compositeur porte en elle cette inclination vers cette forme, sans
doute assez proche de son esprit. On découvre ainsi son emploi dans
Avec
Beethoven, la notion même de variation change de nature : on passe ainsi
de la variation ornementale, telle que Mozart l’avait portée à son point
d’achèvement, à une variation de type « amplificatrice » ou
« métamorphose », voire encore « chimique » selon les
termes de Bernard Fournier et André Boucourechliev ; ou encore à la
« variation implicite », l’esprit de variation se conjuguant avec
celui du développement pour engendrer et structurer certains mouvements. Le
compositeur s’éloigne du thème initial, parfois (souvent) méconnaissable,
pour n’en conserver qu’un aspect de son architecture. Le quatrième
mouvement de l’opus 131, analysé de manière détaillée, fournira un exemple
plus précis de cette écriture.
Les
grandes œuvres avec Thème et variation (hors opus 131) :
-
Variations Diabelli opus (18 )
-
Arietta de
-
Trois des cinq derniers
quatuors (dont l’opus 131) contiennent des mouvements lents conçus selon ce
procédé formel
« Ecrire
une fugue n’est pas difficile, j’en avais fait des dizaines pendant mes années
d’étude. Mais l’imagination réclame aussi ses droits et il faut faire
entrer, aujourd’hui, dans cette forme ancienne, un véritable élément poétique ».
(Beethoven, Lettre à Holz).
Chez
Beethoven, l’emploi de cette écriture ancienne revêt un caractère
dramatique nouveau, il correspond en effet à la recherche d’une poétique
nouvelle – cf., dans l’opus 131, l’indication molto espressivo ;
comme le souligne André Boucourechliev, « c’est la fugue qu’il veut
plier à son propre langage »[2].
Les
grandes œuvres avec Fugue (hors opus 131) :
-
Quatuor
No opus 130 (dernier mouvement) et Grande fugue opus 133
-
Sonate opus 101 (1816) :
dernier mouvement en écriture trèq contrapuntique (fugato)
-
Sonate pour violoncelle opus
102 No 2
-
Sonate opus 106 « Hammerklavier »
(1818), opus 110 (1821), derniers mouvements.
[1] B. Fournier, Histoire du Quatuor à Cordes, page 288.
[2] A. Boucourechliev, Beethoven, collection Solfèges, Seuil, 1963, page 71.