Le quatuor à cordes     Analyse du 14è quatuor     Analyse du 7è mouvement     Les derniers quatuors     Les formes     Bibliographie       Biographie       Liste des quatuors     Retour bac 2005

LE QUATUOR A CORDES

Origines

        Emanation de la généralisation de l’écriture à quatre parties à partir de la fin du XVème siècle – même si, au XVIIème, l’écriture en trio se développe -, le Quatuor à Cordes prend également ses racines en tant que genre musical dans l’omniprésence du groupe formé par les deux parties de violon, l’alto et le violoncelle dans l’écriture pour orchestre à partir du milieu du XVIIIème siècle. De là à penser à cette émancipation du groupe pour écrire des pièces pour eux seuls, il n’y avait qu’un pas qui sera franchi progressivement.

        Les premiers quatuors de Boccherini sont en fait des symphonies pour cordes ; Stamitz et Gossec distinguent déjà, en revanche, ceux de leurs quatuors qui doivent être joués à quatre et ceux pour lesquels l’orchestre est préférable. A partir de Haydn et Mozart, le Quatuor à Cordes devient avec la Sonate la principale forme de musique de chambre ; sa structure interne est souvent composée de quatre mouvements – rarement moins. 

        De la même manière que les autres formes musicales classiques, l’émergence du Quatuor à Cordes reste indissociable de la stabilisation du langage harmonique au Siècle des Lumières et de la naissance qu’il engendre du « plan sonate ». Elle correspond également à la prédominance nouvelle de la musique instrumentale, libérée de son asservissement au texte.

        D’un point de vue socioculturel enfin, le quatuor à cordes répond de manière idéale à l’exigence de la classe sociale montante à cette période, une bourgeoisie urbaine imprégnée de la philosophie des Lumières ; la musique de chambre apparaît dès lors comme la forme d’expression par excellence de cette nouvelle classe sociale, par opposition aux princes qui disposent d’un orchestre.

Haydn et Mozart

        Haydn peut légitimement être considéré comme le père fondateur du Quatuor à Cordes, c’est lui qui porte à un degré d’achèvement que seul Mozart égalera à son époque ; peut-être même est-ce lui qui aurait écrit la première œuvre du genre. Haydn en définit ainsi les attributs principaux à travers ses 68 compositions.

        La première série de quatuors (dix pièces, opus 1 et 2, écrits vers 1757 - 1760) développe une architecture en cinq mouvements (avec deux menuets encadrant un mouvement lent, eux-mêmes insérés entre deux allegro de forme sonate) héritée du Divertissement. Les Adagio centraux se révèlent plutôt tournés vers le passé avec leur écriture soit concertante, soit issue de la sonate en trio. 

        Les quatuors suivants sont pensés comme des cycles, par séries de six ; Quatuors opus 9 (1769 – 70), opus 17 (1771), opus 20 (1772)… Haydn y transpose les acquis de son écriture symphonique et instaure le plan en quatre mouvements. Plus on avance dans le temps, plus les développements se révèlent élaborés, les modulations harmoniques éloignées. Haydn réintroduit la fugue dans trois des Finales. Les chef-d’œuvres sont l’apanage des cycles suivants (opus 33, 54-55, 64, 71, 76…). L’écriture y est tour à tour concertante, homophone, contrapuntique, le langage harmonique s’avère de plus en plus subtil, les possibilités expressives du genre totalement investies. Haydn y réalise la synthèse des styles galant, sévère et populaire dans une écriture qui lui est propre. La logique interne des mouvements reste toutefois fortement imprégnée encore par le monothématisme et le violon 1reste prédominant. 

        Mozart produit quant à lui 26 quatuors (incluant les trois divertimenti ) ; les dix derniers peuvent être considérés comme des sommets de la littérature du genre. Son écriture se différencie nettement de celle de Haydn et se caractérise par l’utilisation du rondo – dans certains finales -, par un bithématisme plus clair et une utilisation accrue du plan sonate – y compris dans certains mouvements lents. L’expression dramatique et la personnalisation de chacune des œuvres, renforcée, annonce Beethoven. 

Evolution du genre chez Beethoven

        Dès ses premiers quatuors opus 18 (1798 – 1800), Beethoven démontre sa capacité à opérer la synthèse des acquis de ses deux grands prédécesseurs ; il introduit déjà de surcroît dans le langage musical des ruptures, des effets de violence et de discontinuité qui font vaciller  l’équilibre classique. 

Les trois ensembles de quatuors appartiennent chacun à une époque bien identifiée dans l’évolution de l’écriture chez Beethoven – ce que l’on a appelé les « trois manières ». Ce qui les caractérise est leur grande force d’innovation :

ð      un éclatement de la forme en quatre mouvements (qui trouve bien entendu son apogée dans l’opus 131), ceux-ci pouvant s’étendre sur des durées extrêmes (de 30 secondes à 15 minutes). Les quatuors de Beethoven durent en moyenne deux fois plus longtemps que ceux de Haydn.

ð      Comme dans ses symphonies, Beethoven inverse fréquemment l’ordre des mouvements.

ð      Importance accrue des introduction lentes à l’intérieur des mouvements qui prennent dès lors un caractère thématique. 

ð      une nouvelle utilisation des dynamiques et des tempi (fréquents changements à l’intérieur des mouvements, qui à l’origine se définissent justement par leur tempo)

ð      Fréquents changements d’armures (modulations vers des tonalités éloignées, de métrique...

ð      Importance du développement et de la coda.

Après Beethoven

        La personnalisation de chacune des œuvres que l’on observe chez Beethoven se poursuit après lui : on observe ainsi qu’à partir de cette époque les compositeurs n’écrivent plus d’ « ensembles de quatuor » (par cahiers) mais des pièces isolées et fortement individualisées : Schubert, Dvorak, Chostakovitch puis Schönberg, Ligeti…

 

retour